Aujourd’hui, acheter une voiture au comptant est devenu une exception. Près de 6 véhicules neufs sur 10 sont désormais financés par leasing, et la location avec option d’achat (LOA) est devenu l’outil préféré des vendeurs pour séduire les acheteurs. Est-ce vraiment une bonne affaire ? Pas toujours. Derrière les mensualités alléchantes se cache un coût total souvent bien plus salé qu’on ne l’imagine.
LOA : une mensualité plus douce, mais une addition plus salée
À première vue, la LOA semble avantageuse. Le principe est simple : on paie un premier loyer majoré, puis des mensualités fixes, généralement inférieures à celles d’un crédit classique. Mais l’illusion ne dure qu’un temps.
Prenons un exemple concret : une Citroën C4 à 18 199 €. En crédit classique sur 4 ans, avec un TAEG de 6,9 %, vous remboursez 420 € par mois, soit un total de 20 160 € au bout de 48 mois. En LOA, pour 15 000 km/an, vous déboursez un premier loyer de 3 000 €, puis 48 mensualités de 248 €, et enfin 9 315 € si vous souhaitez racheter la voiture à la fin. Coût total : 24 254 €. Résultat : 4 000 € de plus qu’un crédit.
À qui s’adresse vraiment la LOA ?
Le leasing avec option d’achat peut convenir, à condition d’avoir un profil bien particulier. Si vous aimez changer de voiture tous les 3 ou 4 ans, que vous roulez peu, que vous êtes rigoureux sur l’état de votre véhicule, et que vous ne tenez pas spécialement à en être propriétaire, la LOA peut avoir du sens.
Mais dès que vous roulez beaucoup, que vous comptez conserver votre voiture longtemps ou la revendre à bon prix plus tard, la LOA devient un gouffre financier. Surtout que le contrat impose un kilométrage annuel maximum (généralement entre 10 000 et 20 000 km). En cas de dépassement, vous devrez payer entre 5 et 10 centimes par kilomètre supplémentaire.
Des frais de restitution à ne pas sous-estimer
Les mauvaises surprises arrivent souvent au moment de rendre la voiture. Les professionnels tolèrent les rayures mineures et l’usure normale, mais attention aux gros dégâts non déclarés : ils seront facturés. Ce qui est jugé “acceptable” peut varier d’un loueur à l’autre. Et dans les faits, c’est souvent à votre charge.
La LOA ressemble parfois à une location immobilière : si vous rendez le véhicule dans un état jugé dégradé, la « caution » (ou plutôt les frais additionnels) peuvent être salés.
D’un autre côté, si votre voiture fait partie des nombreux modèles à obsolescence programmée, vous n’en serez pas victime car lors d’une révision, le loueur arrêtera simplement le contrat sans frais s’il y a un gros problème générique de la marque (comme cela s’est passé avec Citroën, Volkswagen ou autres).
Le mythe de la revente rentable mais l’avantage de la conformité à la loi
Il y a quelques années, certains conducteurs ont profité d’un effet d’aubaine : à l’issue de leur LOA, les prix de l’occasion avaient tellement grimpé que le prix de rachat préalablement fixé (au moment de la signature du contrat) était devenu inférieur au prix du marché. Résultat : revente immédiate avec bénéfice.
Mais cet effet est conjoncturel et tend déjà à disparaître. Le marché de l’occasion est en train de se stabiliser, voire de baisser. Par conséquent, parier sur un bénéfice à la revente en sortie de LOA relève désormais du fantasme.
Ceci dit, avec une voiture en LOA, vous évitez d’ « investir » dans une voiture qui risque d’être taxée, pénalisée ou interdite dans certains endroits dans quelques années à cause de certaines de ses caractéristiques.
Le leasing d’occasion : une tendance qui monte
Face à l’explosion du leasing neuf, un nouveau marché s’est ouvert : celui du leasing sur les voitures d’occasion. Pour qu’un véhicule soit éligible, il faut qu’il n’ait jamais quitté le circuit professionnel (loueurs, concessionnaires, etc.) pour que la TVA soit encore récupérable. Beaucoup de voitures financées en LOA neuve reviennent ainsi sur le marché avec un contrat de LOA d’occasion si le premier utilisateur n’a pas levé l’option d’achat. C’est un moyen pour les constructeurs de maximiser le cycle de vie d’un même véhicule.
Mais attention : les risques restent les mêmes. L’usure, les frais de restitution, et les limites de kilométrage ne disparaissent pas sous prétexte que la voiture est d’occasion.
Les aides à l’achat : un levier qui exclut souvent la LOA
Si vous espérez profiter d’un bonus écologique ou d’une prime à la conversion, vérifiez bien les conditions. Certaines collectivités locales n’acceptent de verser leur aide qu’en cas d’achat ferme. Par exemple, à Saint-Maur (Indre), la ville accorde une prime de 1 000 € pour l’achat d’un véhicule électrique, mais seulement si vous êtes propriétaire du véhicule, ce qui exclut les LOA.
Calcul différent avec une LOA via une société
Si jamais le LOA est fait avec une société, tout est différent. D’abord les frais sont moins élevés qu’un achat et qu’un entretien via le jeu des frais.
Ensuite, pas mal de sociétés proposant des LOA n’exigent pas de versement initial quand le client est une société. Il « suffit » d’avoir un bilan présentable et de ne pas être dans un secteur à risque.
N’hésitez pas à faire jouer la concurrence et à regarder les filiales que créent en permanence les acteurs de la LOA (comme Arval par exemple) pour renouveler leur offre sans baisser les prix et conditions de la maison mère.. (Vous pouvez avoir avec une filiale d’Arval par exemple 100 ou 200 euros de différence par moi, juste en passant par une filiale.. et avec un contrat « Arval » ?!?).
La LOA ne convient pas à tout le monde
La location avec option d’achat est avant tout une solution de facilité pour les vendeurs, pas pour les acheteurs. Elle séduit par ses mensualités réduites, mais coûte souvent plus cher à terme sauf si vous contractez en tant que « société ». Si vous êtes un automobiliste prévoyant, que vous connaissez vos besoins kilométriques avec précision, que vous acceptez de ne pas être propriétaire, et que vous changez de voiture fréquemment, la LOA peut être envisageable.
Une voiture n’est jamais un placement. Dans tous les cas, c’est vous qui financez l’outil, que ce soit directement ou à travers des loyers optimisés… souvent pour le loueur.
Avec les incertitudes sur les lois et autorisations à venir pour les voitures, la LOA peut être aussi le moyen d’avoir une voiture tout le temps adaptée aux lois sans avoir à « parier » sur quelque chose.